Tatiana et Alexandre by Paullina Simons

Auteur:Paullina Simons [Simons, Paullina]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

25

Montagnes de Sainte-Croix, octobre 1944

Six semaines après le passage du pont de la Sainte-Croix, Alexandre et ses hommes s'étaient enfoncés d'une centaine de kilomètres dans les montagnes.

Ils vivaient, combattaient et dormaient dans les bois. Si les combats cessaient, ils montaient leurs tentes, sinon ils se couchaient à même le sol, roulés dans leurs manteaux. Ils faisaient du feu, mais la nourriture était malheureusement rare dans ces forêts. Les lapins avaient fui depuis longtemps et les rares ruisseaux n'étaient guère poissonneux. Enfin, ils leur permettaient au moins de se laver. La saison des myrtilles était passée et ils en avaient tous assez des champignons qui leur donnaient de terribles maux d'estomac quand ils n'étaient pas assez cuits, si bien qu'Alexandre avait dû interdire leur consommation. La liaison téléphonique était fréquemment coupée sur ce terrain accidenté, et rapprovisionnement ne suivait pas. Alexandre avait dû se fabriquer du savon avec du lard et des cendres. Ses hommes, eux, se moquaient de la crasse et des poux. Ils savaient qu'il existait une relation entre les poux et le typhus, seulement ils préféraient manger le lard et au diable le savon ! Ils restaient le visage souillé de poudre, de sang et de boue pendant des semaines. Ils avaient tous des mycoses aux pieds : ils ne pouvaient jamais les sécher.

Ils avaient progressé tant bien que mal. Hélas ! les Allemands ayant réussi à prendre position dans les hauteurs, comme à Siniavino et à Pulkovo, ils les tenaient maintenant en échec depuis plus d'une semaine.

Alexandre n'avait pas reçu de renfort depuis huit jours ; entre les échanges de coups de feu, il leur arrivait d'entendre l'écho de voix allemandes à travers les bois. Pas seulement au-dessus d'eux, également sur leur droite et sur leur gauche. Alexandre commençait à se demander s'ils n'étaient pas encerclés. Ce jour-là, ses troupes n'avaient pas avancé de un mètre et une fois de plus la nuit tombait.

Si Alexandre ne parvenait pas à sortir de cette impasse, ils y laisseraient leur peau. Comme Verenkov. Sa chance l'avait amené jusqu'ici puis abandonné. Alexandre et Ouspenski l'avaient enterré dans le trou creusé par la mine sur laquelle il avait sauté, puis posé son casque sur un bâton planté sur sa tombe.

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